La vue du sommet du mont Logan dans le parc national de la Gaspésie.

Avertissement: le présent article propose des photos qui contiennent des quantités phénoménales de neige. Les personnes qui détestent l’hiver et la neige sont priées de quitter cette page dès maintenant (je peux vous proposer mon article sur la Polynésie française, sur Cuba ou sur la République dominicaine à la place)! Pour les autres, enfilez votre tuque et vos lunettes de soleil, je vous emmène avec moi dans le parc national de la Gaspésie!

Le mont Logan (1150 mètres) est situé en plein cœur du massif montagneux des Chic-Chocs en Gaspésie (Québec, Canada). Ce parc appartient à la Sépaq. Comme la tempête du siècle venait tout juste de s’abattre sur le Québec (le 14 mars 2017), mon partenaire de randonnée et moi-même avons décidé de nous aventurer dans ce trek en autonomie complète pendant 4 jours avec nuits en refuge.

Si la plupart des gens qui se lancent dans cette randonnée le font en ski de fond, j’ai pour ma part décidé d’y tester le ski hok. Direction, le mont Logan!

La vue du mont Logan (à gauche) à partir du refuge la nyctale.

Qu’est-ce que le ski hok?

Le ski hok (ou hok ski) est un hybride entre la raquette et le ski (on les appelle d’ailleurs à juste titre le ski-raquette ou le raquette-ski). Construit par la toute petite compagnie émergente Altai skis, le ski hok tirerait son inspiration des moyens de transport utilisés par les populations indigènes du massif de l’Altaï (Chine, Mongolie, Russie). Et comme je suis un passionné de ce coin de la planète, il ne m’en fallait pas vraiment plus pour me convaincre de l’essayer!

Concrètement, le ski hok est un ski en bois plutôt large (10 cm) auquel est intégré une peau d’ascension à sa base. Vendu en deux longueurs (125 et 145 cm), il permet de circuler librement dans les sous-bois enneigés comme le permettent les raquettes. Petit intérêt supplémentaire par rapport aux raquettes, le ski hok procure une certaine glisse sur le plat et permettent de prendre un peu de vitesse pendant les descentes (ce qui est un fort intérêt!).

Alors, est-ce que le ski hok est une belle invention? Un peu de patience, je vous fais ma critique complète à la fin de cet article! Mais tout d’abord, prenons-en plein la vue avec la beauté des paysages du secteur du mont Logan dans le parc de la Gaspésie!

Jour 1 – De Saint-Octave-de-l’avenir au refuge le huard (13 km)

Pour les visuels parmi vous, voici la carte des sentiers de randonnées d’hiver du parc national de la Gaspésie.

Après 6 heures de voiture de Québec, nous arrivons au minuscule village de Saint-Octave-de-l’avenir. Ici se trouve le village grande nature Chic Chocs qui sera notre point de départ pour cette randonnée. Nous enfilons nos sacs à dos et nos skis, puis nous nous lançons aussitôt à l’assaut des montagnes fraîchement enneigées.

Au menu pour aujourd’hui, 13 km de randonnée qui se caractérisent par un 10 km environ de plat suivit de la montée d’un « mur » de 3 km (170 mètres de dénivelé au total). C’est le moment de tester les ski hoks et de constater que cela va plutôt bien, particulièrement dans les ascensions!

Comme nous sommes surmotivés par le fait d’aller jouer dans la neige, il nous faudra 3 heures seulement pour rejoindre le refuge du huard (on nous avait dit qu’il en faudrait 6).

Sur place, nous sommes accueillis par nos colocs pour la nuit. Seize personnes peuvent prendre place dans le refuge du huard. L’ambiance est décontractée et très chaleureuse. Il faut savoir que la majorité des gens qui explorent ce coin du parc se font livrer leur nourriture et leur bagage par motoneige. Alors, pas de sacrifice pour le poids! Les tables sont donc généreusement garnies et on nous fait même goûter à du cœur d’orignal, une première pour moi!

Le refuge le huard dans le parc national de la Gaspésie.

Jour 2 – Du refuge le huard au refuge la nyctale (18 km) :

La journée débute par la traversée du lac au bord duquel se trouve le refuge le huard. Dix-huit km nous attendent devant nous pour aujourd’hui. Si la première moitié du trajet jusqu’à la halte de « la croisée » est sans dénivelé, la suite jusqu’au refuge la nyctale est complètement en montée (495 mètres de dénivelés pour la journée).

C’est donc un segment assez physique, mais le décor enneigé nous transporte dans un état euphorisant.

Plus nous montons, plus les arbres sont enneigés et rétrécissent. Avec le ciel gris, nous avons l’impression d’être dans un décor monochrome.

Le Soleil tente de pointer son nez, c’est irréel.

Les arbres sont complètement recouverts de neige. Impossible de voir la moindre trace du vert des arbres. Nous sommes dans un monde en noir et blanc.

Après 6 heures de randonnée, nous atteignons finalement le refuge la nyctale. Celui-ci est tout juste à côté de son jumeau, le refuge de la chouette. Situés à 1015 mètres d’altitude, ils offrent tous deux une vue imprenable sur le mont Logan. Nous pourrons d’ailleurs y apprécier le coucher de soleil.

Le coucher du soleil sur le mont Logan (en arrière plan) vu du refuge la nyctale.

Jour 3 – Ascension du mont Logan randonnée vers le refuge le carouge (16 km) :

Superbe journée! Le ciel est complètement dégagé et le mont Logan se présente sous toute sa splendeur devant nous. Les arbres croulent sous le poids de la neige qui est légère et d’un blanc pur. Jamais je n’ai vu autant de neige au Québec!

Le refuge la nyctale et le mont Logan en arrière plan.

Pour commencer la journée, nous décidons de gravir le sommet du mont Logan (1150 mètres. Plus nous montons, plus les arbres deviennent rabougris jusqu’à ce qu’ils deviennent inexistants.

Nous atteignons finalement le sommet du mont Logan d’où nous avons une superbe vue sur le mont Albert et sur le mont Jacques-Cartier. Vraiment, le parc de la Gaspésie et ses Chic-Chocs nous en mettent plein la vue! Nous prenons quelques photos sans trop nous attarder puisque le vent est au rendez-vous.

Pour la descente, nous nous faisons plaisir en dévalant une pente bien poudreuse. La neige est ultra-légère. De la belle poudreuse comme nous l’aimons!

Habituellement, les gens qui se rendent au pied du mont Logan y restent pour quelques jours. Cela leur permet d’expérimenter à souhait les différentes pistes de ski hors-piste du coin. Nous nous jurons que la prochaine fois que nous y reviendrons, nous ferons de même!

Nous quittons donc à contrecœur le refuge la nyctale et sa vue sur le mont Logan pour nous diriger tranquillement vers le refuge le Carouge. Pour ce faire, nous empruntons le trajet qui passe par le secteur des îles.

En route, nous traversons le gigantesque lac des îles et nous nous plaisons amplement dans les segments de descente dans la poudreuse.

Nous atteignons finalement le refuge du Carouge qui, tout comme le refuge du huard, se trouve sur les rives d’un lac. La journée fut magnifique, aucune trace de nuage à l’horizon! « Ahhhh le Canada! »

La vue sur le lac à partir du refuge le carouge.

Jour 4 – Du refuge le Carouge à Saint-Octave-de-l’avenir (19 km):

C’est malheureusement déjà le moment de rentrer. Pour cette journée, nous aurons 19 km à parcourir. Heureusement, c’est surtout de la descente (-385 mètres de dénivelé), dont le « mur » que nous avions gravi à l’arrivée. Il nous en faudra 5 heures pour compléter ce dernier segment.

Lever du jour avec lune dans le secteur du Mont Logan dans les Chics Chocs

Alors le ski hok, c’est bien? (mon évaluation)

Les points positifs :

  • Très pratique dans les sections montantes de la randonnée. La peau de phoque intégrée au ski hok est très adhérente dans les pentes et assure une ascension très efficace.
  • Pas besoin de s’arrêter pour installer ou retirer ses peaux de phoque comme cela est nécessaire avec les skis de fond. Comme elles sont déjà intégrées à la base, on ne se pose jamais l’éternelle question à savoir « devrais-je mettre mes peaux de phoque maintenant ou non? ». Et comme il y a beaucoup de côtes dans le secteur du mont Logan, on ne s’en plaint pas trop!
  • Très pratique dans les descentes! Le fait que le ski hok soit de courte longueur (125 cm) assure un bon contrôle lors des descentes. Il faut cependant utiliser des bottes rigides pour bénéficier d’un contrôle optimal (pour ma part, je chausse des bottes de planche à neige).
  • On ne se casse pas la gueule en descendant! Les peaux de phoques à la base du ski hok ralentissent suffisamment la descente pour éviter de devoir freiner en se jetant par terre ou en embrassant un arbre! Alors que mon partenaire de randonnée en ski de « back country » allait beaucoup trop vite dans les descentes, je pouvais pour ma part dévaler les sous-bois à une plaisante vitesse sans jamais tomber.

Les irritants (inconvénients) :

  • Le principal inconvénient du ski hok est son manque de glisse dans les sections planes du trek. Les peaux de phoque à leur base offrent une surface de contact importante qui  freine considérablement la glisse dans ces moments (rien n’est parfait!).
  • Si le trajet est glacé, oubliez l’utilisation du ski hok. Dans de telles circonstances, les peaux de phoques ne sont pas adhérentes et les descentes devront impérativement se faire sur les fesses.
  • Attention aux ampoules! Avec des bottes de planche à neige rigides comme celles que j’ai utilisées, j’ai eu quelques soucis à cet effet!

En somme, le ski hok remplace à merveille les raquettes. Il est efficace dans les montées et permet une superbe glisse à la descente. Lorsque la neige n’est pas glacée, il offre un excellent remplacement pour les raquettes.

Est-ce que le ski hok est mieux que le ski de fond? Pour des randonnées où les côtes sont omniprésentes, je pense que le ski hok est tout aussi approprié que le ski de fond. Cependant, si le trajet est plutôt plat, oubliez le ski hok!

En conclusion :

En somme, la randonnée du mont Logan dans les Chic-Chocs fut extraordinaire (je crois que les photos parlent d’elles-mêmes!). Jamais je n’ai vu autant de neige au Québec! Je peux donc dire sans l’ombre d’un doute que ce trek fut la plus belle randonnée hivernale que j’ai faite. Mon partenaire de randonnée et moi-même nous sommes d’ailleurs promis de retourner dans le parc national de la Gaspésie l’année prochaine pour poursuivre notre exploration!

Trucs et conseils pour la randonnée dans le secteur du mont Logan (Parc national de la Gaspésie):

  • Les réservations pour les refuges sont nécessaires et doivent se faire par le biais de la Sépaq au 1-800-665-6527. Les refuges sont très confortables et sont équipés de matelas et d’un poêle à bois (29,50$ par nuit par personne pour la saison 2017-2018).
  • Il est possible de faire transporter ses bagages et sa nourriture en motoneige entre les refuges. Le tarif est variable selon la distance parcourue. Il faut prévoir 26$ pour un tarif de base entre deux refuges (pour un sac ou une boîte de 20 kg). Pour utiliser ce service, vous devez faire une réservation au moins 72 heures avant le départ en communiquant au 1-800-665-6527.
  • N’apportez pas votre sac de couchage le plus chaud! Croyez-moi, le poêle à bois est particulièrement performant!
  • Prévoir le nécessaire pour purifier l’eau ou la neige fondue. Au refuge du huard, il y a une source d’eau (il faut tout de même traiter). Pour les refuges de la nyctale et du carouge, vous devrez faire fondre de la neige.
  • Il est possible de louer des ski hoks au centre de découverte et de services du parc national de la Gaspésie situé dans le secteur du mont Albert.
  • Pensez à installer l’application Avenza maps et à télécharger la carte du parc national de la Gaspésie sur votre téléphone avant votre départ. Avec le GPS de votre téléphone, vous pourrez ainsi savoir précisément où vous êtes. Il n’y a évidemment pas de réseau de téléphone dans le secteur du mont Logan (et c’est beaucoup mieux comme ça!).

Pour plus d’aventures, consultez mes autres articles!

Randonnée au mont Logan en Gaspésie (en hiver)